29 avril 2010

La Plate-forme est en feu !


Ne regardez pas par là ! C'est l'un des voiles agités pour détourner de la face des choses qui méritent d'être regardées par tous. Une forme plate bien plus importante couve un autre feu. Se souvient-on en effet du 10 juillet 2009, lorsqu’à Aquila, cette terre desséchée d’Italie est né le G14 en remplacement du G8 ?


Cette transformation ne s’est pas produite par la volonté soudaine des pays riches d’assurer au tiers-monde une meilleure représentation et de considérer les pays en faisant partie sur un pied d’égalité en raison d’un profond sentiment d’équité. Il fut le résultat du constat de l’impuissance des pays riches à imposer leur volonté aux pays émergents. C’était le signe d’une dégradation de la puissance des pays développés et la consécration de la pensée Marxiste sur les causes et les signes annonciateurs de la chute du libéralisme économique. Ceux qui ont semé le vent du marché libre, s’apprêtent à récolter la tempête des faillites d’Etat.


Le déclin régulier des nations développées, couplé à la hausse rapide des pays en voie de développement comme l'Inde et la Chine, avaient depuis déjà 5 ans, rendu les volontés du club des pays riches inefficaces. Leur incapacité à aider la Grèce par le montant dérisoire de l’aide annoncée (45 milliards d’euros dont 30 par le zone euro et 15 par le FMI et peut-être atteindront-ils les 100 milliards pour sauver la face que cela ne changerait rien à la situation globale), éclaire la violence des drames à venir parce qu’ils n’ont pas les uns et les autres les moyens de faire mieux ! Cette incapacité est masquée par des discours hyperboliques incompréhensibles qui laissent leur population respective dans l’illusion de leur suprématie.


La réalité est qu’aujourd’hui, les comptes des pays dits riches sont dans la même situation d’insincérité que le furent les comptes de Lehman Brothers avant la crise des subprimes et leurs déficits colossaux, y compris ceux des Etats-Unis et de la France. Toutes proportions gardées, la situation de la Grèce n’est ni pire ni meilleure que celle de l’Espagne, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Portugal, de l’Italie de la France, etc.


Ce que j’écrivais ici il y a quelques mois avait en quelque sorte ce contenu : Compte tenu des forces en présence, du gigantisme des multinationales, des logiques financières immorales et libres, des mouvements mondiaux de capitaux, de la disproportion des masses démographiques en vis-à-vis et dont les attentes respectives sont inconciliables, des systèmes de gouvernance étatique en vigueur qui privilégient en pratique les puissances financières, de l’inertie des systèmes culturels, et de l’état des finances publiques des pays développés, l’aide d’une Pythie est inutile pour prédire que les équilibres politiques, sociaux, économiques et culturels des pays riches vont connaître un grand chambardement propice aux insurrections ! Qui ici osera instruire le peuple de la réalité et lui dire que le monde n'est pas ce qu'il parait être, que ce qui vient est une révolution protéiforme ?

L'interrogation n'a pas changé, mais l'échéance se rapproche pour la France !

24 avril 2010

My lover's prayer (BeeGees)

In the history of
A life takes a heart
When the power of love comes together
There is nothing can tear us apart
And the touch of your hand I can feel
That what we got is stronger than steel
That's when you hear

My lover's prayer
It's my own silent message to you
Takes me there, my lover's prayer
And my soul is divided in two
With my love on the line
I send it all over the world
Out on the air
'Cause I can't let go
And my heart has a mind of it's own
It's my lover's prayer

It's the mystery of
A place blessed by us
And the moment of truth is forever
In the face of incredible odds
And the look in your eyes tells me why
Let our words burn a sign in the sky

My lover's prayer
It's as easy as talking to you
All my life, having you there
In my own private vision come true

You're heaven on earth
You're the fire and all that I'm worth
And I can be strong
You hold the key
Don't say it's over
Don't say it's over for me

My lover's prayer
It's as easy as talking to you
All my life, having you there
In my own private vision come true
In my search for your love
I send it all over the world
It's all I can bare
And the nights get long
But my heart holds on
It's no empty words

It's my own silent message to you
Takes me there, my lover's prayer
And my soul is divided in two
'Cause I can't let go
And my heart has a mind of it's own
It's my lover's prayer

Indian Premier League





............Ce soir a lieu la finale du tournoi sportif le plus populaire en Inde : Indian Premier League de Cricket.

La finale opposera à 20h30 Chennai et Mumbai mais le capitaine de l’équipe de Mumbai,Sachin Tendulkar, est d’ores et déjà désigné par le IPL Awards depuis hier soir comme le meilleur Batteur et meilleur capitaine du tournoi.

Personnellement je ne comprends rien à ce sport, mais j'avoue que les sports collectifs, sans exception, ne m'intéressent qu'au moment où je les pratique. Quant à passer du temps devant la télé en hurlant...

14 avril 2010

Covenant with thoughts (poem) Fall.Ayatte

Abandon your free attitudes rebellious thoughts.

Carefree guest of my solitary morning.

Soften my pain, desert my memories.

Let me enjoy the beauty of the fleeting time,

Complete the mundane daily serenely.

Take pity on me the day ending

Here I enter a pact with you today

With one accord I can be saved

I do not claim you happiness, I cry :

Don’t keep me longer on the path of pain ;

Erase my love from my memory as a merci ;

Do dry my tears for her too heavy ;

Fits me in ignorance and forgetfulness !

So, I will seat in peace in the dark pit :

The huge silence of my lost love.

Here, I promise to sneak to the distant country

To meet my brothers on the day of the great sleep.

13 avril 2010

Le petit serveur indien

(Le Babaj-Kinara)

Il m’avait conseillé le BABAJ-KINARA. Mon ami était certain de son affaire, je devais manger un Butter Dal Khichada pour être à nouveau en pleine forme après cette nuit où j’ai très mal dormi à cause de la très forte chaleur ou de ce que j'ai mangé la veille. Je me suis donc rendu à cet endroit à 20 heures pour lui faire plaisir.


Je me suis assis et ai commandé le fameux plat. Le chef de rang, en forme de toupie, me racontait qu’il devait partir à Londres dans deux mois étudier je ne sais quoi avant de faire blabla bla. Je n’entendais pas vraiment son discours, il m’ennuyait et je ne voyais que la petite tête de ce serveur qui dépassait derrière lui, portant des yeux illuminés de curiosité. Sa mission consistait à exécuter les tâches secondaires : essuyer, nettoyer porter et emporter les plats. Les chefs de rang en chemise blanche prenaient les commandes et parlaient aux clients s’essayant avec plus ou moins d’aisance à l’anglais. Le petit serveur devait avoir 14 ans et avait quitté l'école probablement depuis longtemps dans l'indifférence générale malgré les promesses particulièrement actuelles du gouvernement du Maharashtra et de l'Etat central.


Peu importe, le petit serveur était décidé à bien faire cela se voyait et de plus, je ne sais pour quelle raison, il avait décidé de rentrer en contact avec moi coûte que coûte. Son chef de rang ordonna : « une assiette !» Il se dépêcha de remplir au mieux sa mission. Il récupéra une assiette au fond de la salle et se mit à frotter. Il frottait au fond de la salle avec une telle énergie cette grande assiette jaune en plastique que je ne pouvais en détacher les yeux. Puis il la posa devant moi sur la table avant de décider qu’il devait encore la nettoyer. Il était là devant moi frottant l’assiette. Il voulait qu’elle soit propre. Il frottait de toutes ses forces passant et repassant mille fois tournant dans un sens puis tournant dans l’autre. Ce qu’il ne parvenait pas à comprendre c’est que plus il frottait et plus l’assiette devenait sale. Comme tout ce qu’il essuyait d’ailleurs avec ce torchon.


Je regardais sa petite main tenant serré cet outil de travail qu’il devait probablement garder dans la poche de son pantalon toute la semaine. Le torchon était compact et noir comme huileux. Plus il frottait et plus il déposait dans mon assiette les restes cumulés de repas variés, la poussière de l’air, le gras de sa main, les poils du chat qui fréquente ce restaurant à la recherche de la compassion des clients et qu’il chasse à grands coups de torchon, plus tellement d’autres choses...


La seule indication de propreté qu’il connaissait était la durée de frottement du torchon sur l’assiette. Lorsqu’il estima avoir accompli sa mission, il posa l’assiette devant moi et me sourit heureux. Puis profitant de l’éloignement du chef de rang il me dit : You become from sir ? Allez on va pas chipoter : Je lui répondis : Freiiinsse ! Il ajouta confiant : « Sir birth stay Nashik purpose? » J’appréciais l’effort de ce jeune garçon à piocher dans les échanges entre les chefs de rang et les clients des mots qu’il essayait d’utiliser pour entrer en communication avec ces étrangers qui le fascinent. Mais là j’avais beaucoup trop d’options. Alors je choisis la question : And you ? Il répondit sans faiblir : «Nashik come in Maharashtra ». Ok pas de problème ! J’avais compris la règle du jeu : Peu importaient les questions et les réponses, il fallait échanger. J’échangeais avec plaisir. Il souriait. Moi aussi. Je parlais Marathi comme il parlait l’anglais et pendant ces quelques secondes de franche rigolade la propreté de mon assiette importait peu.


Peut-on lui faire le reproche de ne pas avoir fait l’école hôtelière et de ne pas connaître les principes élémentaires d’hygiène lorsque ses supérieurs, font pire que lui ? Ah ! Maudit soit le sens de l’observation que j’ai depuis ma naissance et qui est devenu un vrai handicap en Inde.


Le serveur qui s’essuie la sueur dégoulinante de la tempe au cou avec la cuillère qu’il va donner au client, le…euh non…arrêtons là l’énumération.


Au milieu de mon autre insupportable supplice consistant à avaler le Butter Dal Khichada, (qui a dit qu’en Inde tout est bon ?), je demandai à mon nouvel ami une bouteille d’eau minérale froide par mille gestes jusqu’à ce qu’il comprenne. Il avait l’air si content de jouer au chef de rang que lorsqu’il revint avec une bouteille à température ambiante je l’acceptai d’autant plus joyeusement que c’était bien de l’eau !


Allons bon, petit serveur, je ne reviendrai plus dans ton resto dégueulasse, mais tu mérites bien un pourboire pour tes sincères efforts.


All the best !

01 avril 2010

Le Petit Prince indien


Je ne savais rien d'elle avant d'entrer dans cette salle.

Je suis arrivé alors que l’audience avait commencé. Debout à l’arrière du tribunal dans cette grande pièce en partie remplie d’avocats, ce qui ne m’échappait pas c’est que la "junior judge" avait les yeux imprégnés d’une tristesse réelle comme la jeune avocate juste devant moi qui se retournait parfois comme pour détourner les yeux. Il y avait très peu de femmes mais elles semblaient toutes hautement concernées.

Je passais devant la salle d’audience lorsque cette atmosphère étrange et inhabituelle pour une cour indienne m’attira comme un aimant. Le public écoutait silencieusement. Seul un enfant de trois ou quatre ans, jouant avec un petit bout de papier qu’il faisait glisser sur le sol, faisait un léger bruit continu. Il était avec sa maman au fond de la salle au banc des accusés avec six autres personnes, adultes et jeunes. Leur visage était grave. Ils semblaient unis par un lien barbare qu'une loi étrangère avait gravé dans leur sang. La maman était inquiète du bruit que faisait son fils et me regarda peureuse. J'étais appuyé sur la barrière de leur prison ouverte. Je lui souris gentiment pour lui faire comprendre que cela ne dérangeait personne. Ce fut comme un jour d'orage, lorsque la lumière perce un instant le ciel obscur. Sur son visage marqué d'un terrifiant sceau pointa un sourire apaisant interrompant un court instant le son des voix accusateurs de sa conscience insomniaque !

"with that pain we live, with that pain we die" chante Lata Mangeshkar


Le témoin un homme de 40 ans achevait de témoigner par ces mots :


- Non ! C’est la première fois que je témoigne de ça, les policiers ne m’ont pas demandé de témoigner pendant l’enquête !

Ce sont les travers de cette procédure accusatoire où les avocats ont l'obligation de fournir toutes les preuves de l'infraction commise, de rechercher les témoins, de mener une vraie enquête avec l'aide des familles souvent pauvres.


Je suis enfin dans l'histoire au présent et l’huissier appelle à la barre un autre témoin, une belle femme de 60 ans vêtue de son sari, la tête couverte d’un voile. Elle répond à l’avocat d’une voix sûre et décrit par le menu en marathi ce qu’elle avait vu ce jour-là. Le juge reprend sa dictée pour le greffier après chaque affirmation dans un anglais clair, simple et précis comme pour me faciliter les choses.


Le senior judge Hiwirete martèle chaque mot :


- Je suis passée devant la maison de Djina et la porte était close de l’extérieur, j’ai appelé et personne n’a répondu.


- Pourtant je savais que Djina devait être chez elle.


J’aurais aimé avoir été là au début de l’audience connaître l’acte d’accusation et comprendre la raison d’un tel silence dans la salle. La femme décrit le paysage dans lequel elle marche à la rencontre de son amie. Je m'évade dans ses propos en marathi à travers champs et rivières avec pour seul guide la musique ronde de la langue. J'imagine ce village et ses temples aux couleurs vives, les écoles résonnant de la voix des enfants, et quelques fermes éloignées où d'anciennes maisons en terre cuite longues et basses protègent de leur ombre quelques vaches amaigries et des chèvres noires et blanches.

Mais ce que je ressens soudainement c'est que le silence c'est fait plus pesant et ce que mes yeux voient nettement c'est que tous me regardent. Le village a disparu de mes pensées car à cet instant précis c'est de moi dont il s'agit curieusement. J'avais décidé inconscienmment de faire les chemins de traverse d'aller voir par moi-même la scène de l'infraction par la transmutation et le juge en avait décidé autrement. il s'adressait à moi :


- Vous êtes l’avocat français ? Pourquoi vous a-t-on laissé debout ? Venez devant si vous voulez comprendre comment ça fonctionne ne restez pas au fond ! Asseyez-vous aux côtés des avocats de l’accusation et de la défense. Venez ! Je sentis peser sur moi le poids lourd du regard de mes confrères que je ne cherchais pas à décrypter.


Il ne me laissait pas le choix et j’avais le sentiment désagréable d’avoir par ma présence dérangé trop longtemps déjà le procès dont je n’étais et ne devais être ni le héro, ni la victime, ni l’accusé. Je me suis avancé pour m’assoir à une place libérée par un jeune avocat sans aller jusqu’à celle que m’indiquait le magistrat et qui ne pouvait en aucun cas être la mienne.


- Merci votre honneur ! Me suis-je contenté de dire en m’asseyant rapidement.


La femme poursuivait :


- En arrivant au village j’ai demandé aux voisins qui m’ont dit que Djina était dans la maison avec des membres de sa belle-famille.


- Je suis repartie vers la maison de Djina et la porte était ouverte. Je suis entrée et j’ai vu son corps baignant dans une mare de sang


- A plusieurs reprises elle m’avait dit que son mari et sa belle-famille la harcelaient en exigeant d’elle qu’elle demande à ses parents 4 Lakhs de roupies (400 000 roupies soit 6 450 euros). Elle avait été brûlée plusieurs fois pour la conduire à s’exécuter. Mais ses parents ne pouvaient pas payer la dot.


- Djina n’en pouvait plus des actes de cruauté qu’elle subissait et elle a fini par se suicider.


- Avez-vous témoigné de cela devant la police interrogea l’avocat ?


- Non ! C’est la première fois que je témoigne de ça, les policiers ne m’ont pas demandé de témoigner pendant l’enquête ! répondit le témoin.


Le procès se poursuivra samedi à partir de 11 heures.

En attendant, je songe à la dot encore actuelle et forte malgré son interdiction par la loi. Je regarde la "junior judge" aux yeux tristes, je songe à N…à M, X Y, Z.

Je songe à la surdité des parents aux oreilles brisées par les bruits de la tradition, à leur aveuglement les yeux obscurcis par l'éclat de leur propre image. Je les aperçois misérables et perdus cherchant seuls dans une nuit millénaire le long chemin qui conduit à voir avec le coeur ce que les yeux ne peuvent voir !


Je songe à cette jeune femme partie au lointain pays. Je sais un peu plus d'elle maintenant et je la vois belle et riche de tant de choses.

En quittant le tribunal, je lui dessine une autre vie !