24 octobre 2010

G20 et FMI : La fin d'une époque

Hier, samedi 23 octobre 2010, la saga des reculades inéluctables des pays riches à continué. Le G20 s’est réuni en Corée du Sud pour réfléchir aux problèmes que pose l’organisation du commerce mondial. Les pays riches veulent que l’on pense aux déséquilibres économiques qui menaceraient la croissance mondiale (entendez par là leur seule croissance). Les banquiers du monde par la voix des ministres des finances ont fait une énième fois le constat de la force économique des pays émergents et sans le dire de l’inutilité absolue du FMI aujourd’hui.

Dans la situation telle qu’elle se présente désormais comment le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner pouvait-il imaginer que sa proposition serait acceptée de limiter le déséquilibre des comptes courants des Etats à 4 % du PIB ? Alors même qu’aucun des engagements chiffrés des pays riches en faveur des pays en développement n’a été jusque-là tenu !

Ce fut l’occasion d’assister encore une fois à un recul des pays riches sur la gouvernance mondiale. Le G20 a en effet décidé de transférer 6% des quotas, c’est-à-dire des contributions qui déterminent la part des droits de vote au FMI, en direction des pays émergents. Cette décision bénéficiera en particulier à l'Inde, la Chine, le Brésil ou la Turquie. Ce recul s’amplifiera d’une année sur l’autre sans que les dirigeants aveugles ne comprennent l’essentiel de ce qui se passe vraiment.

Le G20 décida de plus que le directeur général du FMI sera désigné par tous les membres, et non plus les cinq plus importants comme actuellement.

L’affaiblissement des économies dits développés se manifeste donc par des reculs importants dans les organisations mondiales. Ces changements qui annoncent plus d’équilibre dans les relations Nord-Sud donnent de l’espoir à tous ceux qui ont toujours dénoncé l’inhumanité de la gestion de ces organisations (FMI, BM,) et l’hypocrisie qui en constitue le fondement.

Cet affaiblissement international des Etats riches et en particulier européens est corrélatif à l’évaporation des souverainetés nationales… La faiblesse de ces Etats est aujourd’hui la résultante de la lâcheté des dirigeants, de l’égoïsme, et de l’inanité de leurs choix d’hier et d’aujourd’hui. Des chefs d’Etat sans vision et sans envergure aucune, dirigent des nations qui se disloquent dans des communautarismes gris pour prix du mépris que leurs pères avant eux ont manifesté à l’égard de leurs prochains des pays pauvres qui aujourd’hui reprennent des forces de façon exponentielle.

03 octobre 2010

Comment vous devez prier


La prière que le Christ nous a enseignée comme modèle parfait mérite une attention particulière. A première analyse elle semble être une simple prière de contemplation à la louange de Dieu. Une sorte de psaume bien rythmé que l’on peut répéter pour atteindre à la plénitude régénératrice. Une succession de demandes à Dieu à qui on délègue toutes les missions : Sanctifie ton nom ; avance ton règne ; fais ta volonté ; donne-nous ; pardonne ; délivre !


Seulement voilà, en introduction, aux versets qui précèdent, le Christ nous prévient qu’il ne va pas prononcer de vaines paroles. Ce n’est pas une prière de demandes multiples car elles seraient inutiles, dans la mesure où notre Père sait de quoi nous avons besoin avant même que nous le lui demandions (Matthieu 6-8). Il veut, que nous différencions cette prière, de celles des païens qui multiplient de vaines paroles. Ce qui sous-entend que la prière qu’il nous propose a donc un sens profond. Elle est composée de mots qui ne sont pas destinés à créer une apparence en étant sans portée, mais au contraire à révéler une action permanente du sujet qui prie.


Et toutes ces choses sont prononcées non pour l’établissement de son règne, de sa puissance et de sa gloire mais en conséquence du fait qu’elles lui appartiennent déjà depuis le début des siècles passés, dans le siècle présent et pour les siècles à venir. C’est ce que l’on observe à la conclusion de cette prière. Pourquoi donc le Christ nous demande-t-il de prier pour la réalisation de ce qui est déjà obtenu ?


“Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c’est à toi qu’appartiennent dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen” !


Cette prière est courte, rythmée, concise. Ce n’est pas dans la multiplication des paroles qu’elle trouve sa force et son intérêt, mais dans la personnalité de celui qui prie. Celui qui prie est actif, il a une vie riche de sens, et une pensée solide. Que pense-t-il ? Que fait-il ? Qui est-il ? Tout cela mérite d’être passé au crible de notre intelligence, par une lecture attentive :


Notre Père qui es aux cieux” ! Celui qui prie s’adresse à son Père sans ressentir la nécessité de prouver sa filiation. Il sait qu’il est le fils, ou la fille, de celui auquel il s’adresse. Cette prière s’adresse au Père comme toutes nos prières n’ont et ne doivent avoir qu’un seul destinataire : Dieu le Père. Le Fils n’est pas un intermédiaire entre le Père et l’homme. Il ne transmet pas les prières que nous adressons à Dieu dont il tente d’apaiser le courroux. Mais, comme il l’explique lui-même dans Jean 16.26 : “En ce jour vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime…”. Le Fils ne prie pas à notre place. Il n’a pas la charge de transmettre nos prières à Dieu notre Père. Le jour de son sacrifice le voile du temple s’est déchiré en signe explicite de la fin de la médiation entre le souverain sacrificateur (qui fut à la fois la victime expiatoire) et Dieu le Père. Par son obéissance le Christ, le Fils de Dieu, fut l’unique titulaire de l’Ordre parfait dont il fut le vrai ordonnateur selon la Parole de Dieu. Ce n’est pas amoindrir la puissance du Fils que de prier le Père, au contraire c’est parce que le sacrifice du Fils fut parfait qu’il faut en tirer toutes les conséquences et ne pas chercher à redonner office permanent de sacrificateur à celui qui ne devait faire qu’un seul sacrifice en mettant fin par sa mort à l’Ordre des sacrificateurs. Dieu est désormais notre Père et le Christ notre frère duquel nous tenons par son sang participation à la nature divine. Et cette œuvre est parfaite en nous.


Mais ce Père est aux cieux ! Nous ne nous approchons pas d’une pierre sculptée, d’une image taillée de main d’homme dressée sur un autel élevé au-dessus de nous-mêmes en signe d’adoration de ce qui est par nature assujetti. Il ne se rencontre pas à une adresse fixe rue des bons enfants de telle ville. Il n’est pas affilié à une dénomination, ni esclave des articles d’un contrat d’association. Nos prières montent aux cieux vers le trône de Dieu. Ce Dieu a l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône est environné d’un arc-en-ciel semblable à de l’émeraude. Du trône sortent des éclairs des voix er des tonnerres. Devant ce trône brûlent sept lampes ardentes qui sont les sept esprits de Dieu. Tu es digne notre Seigneur et notre Dieu de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées” (Apo 4.2 à 11). Voilà un bref aperçu certes, mais importante vision sur celui que nous adorons. Il est aussi un feu dévorant manifestement et il n’est pas concevable de l’assujettir à nos désirs, à nos mœurs, aux règles de nos associations cultuelles. Nous comprenons qui il est, et c’est ce Dieu-là que nous devons prier, car si nous ne savons pas à qui nous nous adressons, alors, nos demandes seront vaines ! Nos prières doivent être adressées à notre Père qui est aux cieux et à personne d’autre!


“Que ton nom soit sanctifié”. Le nom de Dieu n’a-t-il pas atteint dès l’origine à la sanctification absolue ? Comment peut-il être encore sanctifié ? Il ne faut pas perdre de vue que la prière de Jésus est une prière que nous sommes censés exprimer. Nous qui savons qu’il est en son Père, que nous sommes en lui, et qu’il est en nous (Jean 14.20), et qu’il est glorifié en nous (Jean 17.10). Son nom que nous portons doit être tenu saint par nos actions, nous qui partageons la même nature du Fils étant devenus ses frères en Dieu. “Va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu” (Jean 20.17). Nous n’avons pas moins de responsabilité que le Fils, nous qui sommes nous-mêmes fils, pour ce qui est de la sanctification du nom de Dieu que nous portons : Comme le Fils l’a dit : “Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité” (Jean 17.19), nous aussi nous avons une part à prendre dans l’action de sanctification du nom de Dieu que nous portons : “Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même” ( 1 Jean 2.6). Ainsi, cette prière a l’exacte signification suivante : Aide-nous Père, à prendre conscience du nom que nous portons, de sorte que nos actions sanctifiées par la vérité, soient en offrande au saint nom que tu portes et dont nous sommes partie constituée, grâce au sacrifice de ton Fils, notre bien-aimé Frère et Seigneur Jésus-Christ. Si quelqu’un à ce sujet est d’un autre avis qu’il prie et Dieu l’éclairera là-dessus.


Que ton règne vienne ! Dieu ne règne t-il pas par principe de tout temps et pour l’éternité ? Avant de répéter ces mots sans en mesurer la portée ce qui en ferait une vaine prière, il faut en mesurer le sens. Il s’agit de la manifestation visible du règne de Dieu au temps choisi par lui, certes, mais avant lequel il manifeste sa patience ne voulant pas qu’aucun périsse. Il veut que tous parviennent à la repentance nonobstant ceux des hommes qui voudraient que tous périssent sous la colère du Dieu très Saint. Certains en effet animés d’un esprit de vengeance se font une représentation d’un Dieu de colère. Plus royaliste que le Roi, ceux-là voudraient voir détruit le méchant, le pécheur. Mais notre Père ne veut pas que le méchant meure, mais qu’il se repente et qu’il vive. Le jour de Dieu viendra où les cieux passeront avec fracas et où la terre avec les œuvres qu’elle a connues, sera consumée (2 Pierre 3.9 et 10). Mais en attendant la mission des fils est d’élargir le champ de son règne vers ceux qu’il cherche selon sa volonté. Quelle est donc sa volonté ?


“Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au ciel ! Les choses et les lois, la terre et les cieux, n’ont-ils pas été établis par sa parole et n’est-ce donc pas par sa volonté qu’ils existent ? Pourquoi devrait-on prier pour que sa volonté soit faite ? Ici il s’agit de la seule chose qui importe le Christ pour laquelle il est venu sur terre et pour laquelle il nous a envoyés et qui est contenu dans cette phrase : “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle” (Jean 3.16). Voilà la volonté de Dieu qui ne s’arrête cependant pas au sacrifice du Christ. Si en ce qui le concerne tout est accompli de ce qui lui avait été donné de faire, il n’en est pas de même pour ce qui nous concerne. Comme il a été envoyé dans le monde, il nous a aussi envoyé dans le monde pour accomplir la volonté de Dieu (Jean 20.21). Maintenant le Fils est à la droite du Père glorifié auprès de lui de la gloire qu’il avait avant que le monde fut, accomplissant la volonté de Dieu aux cieux, et nous, les fils envoyés vers le monde, par notre Frère et Seigneur, nous devons accomplir sur la terre la volonté de Dieu notre Père (Jean 17.18).


Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ! Ne devait-on pas gagner notre pain à la sueur de notre front ? Oui ! Cela n’a pas changé. Il s’agit seulement ici de faire le constat que cela suffit. Dieu ne s’engage pas à faire de nous des millionnaires mais seulement à nous donner de quoi vivre pendant notre présence ici. Nous ne sommes pas du monde et nous n’avons pas à courir vers la possession des choses du monde. Si quelqu’un aime le monde et les choses qui sont dans le monde l’amour du Père n’est pas en lui (1 Jean 2.15). Ce texte n’est pas une condamnation des riches mais une mise en garde sur l’utilisation de la richesse, sur la finalité de leur possession. Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, (Surtout s’il prie seulement pour lui, soulignant ainsi son hypocrisie par ses vaines paroles), comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? N’aimons pas en paroles et avec la langue mais en actions et avec vérité (1 Jean 3.17 et 18). Ainsi cette prière signifie concrètement : que les biens que j’ai servent aux frères. Ce n’est encore une fois pas une prière d’attente, mais d’action.


Pardonne-nous nos offenses de la même manière que nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! Encore une fois nous savons que le plan initial et permanent de Dieu comporte le pardon des péchés, d’autant plus que nous avons un avocat auprès du Père, notre Frère le juste. Si donc, ancrés sur cette assurance, nous n’avons pas à craindre que nos péchés nous soient imputés, alors nous devons pardonner afin que nos ressentiments ne viennent faire obstacle à la perfection de la nature que nous avons acquise par la nouvelle naissance au corps de Dieu par Jésus-Christ. Car nous avons reçu le Saint-Esprit de Dieu et ceux à qui nous pardonnons les péchés, ils leur sont pardonnés ; et ceux à qui nous les retenons, ils leur sont retenus (Jean 20.23). Les chrétiens ont-ils conscience de ce pouvoir exorbitant qui leur a été transmis par l’Esprit ? Cette prière signifie exactement : mon regard doit être celui de Dieu, car je participe de la nature de Dieu par l’Esprit qui m’a été transmis. Je ne peux retenir aucun péché envers moi, sinon le péché contre le Saint-Esprit qui m’a été transmis pour et à l’occasion de la mission qui m’a été confiée (Jean 20.21 et 22).


Ne nous induis pas en tentation ! Préserve-nous de la tentation ou ne nous laisse pas être tentés au-delà de nos forces, pourrait être une prière acceptable. Cependant, c’est à une prise de conscience de ce que nous sommes que cette prière nous appelle. Cette partie de la prière nous renvoie à la mesure de notre foi, sachant que celui qui est né de Dieu triomphe toujours du monde. Et la victoire qui triomphe du monde c’est notre foi. Celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu triomphe du monde (1 Jean 5.4).


Délivre-nous du Malin ! Nous avons bien conscience de la force et du rang élevé de notre ennemi contre lequel nous ne portons aucun propos injurieux, mais duquel nous demandons à notre Père qu’il nous protège. Et nous avons cette assurance que : "Ni la mort ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 8.38 et 39). Alors, débarrassés de cette inquiétude du mal que nous pourrions subir, ne nous lassons pas de faire le bien (2 Thess 3.13).


Il faut donc déduire de cette prière qu’il s’agit véritablement d’une prière qui fait le constat de la mise à disposition effective de celui qui prie, il se place comme un ouvrier actif entre les mains de Dieu, dont il connait la toute puissance, afin que la volonté de son Père soit par lui réalisée. Il s’agit d’une prière tressée sur la foi de celui qui croit que, grâce au Christ, il peut tout par Dieu qui le fortifie…


Car c’est à lui qu’appartiennent dans tous les siècles le règne, la puissance et la gloire.


Amen !