14 novembre 2010

Propos sur la Sainte Cène (Sur la manière de prendre le «Repas du Seigneur»)


En matière théologique, il y a des sujets sur lesquels il convient d’être réservé afin de laisser une place raisonnable à la relation personnelle du sujet avec son Dieu. De mesurer la relativité des interprétations qui s’y rapportent en faisant preuve soi-même de modestie, voire d’indifférence, tant il peut être dérisoire, sur ces sujets, de s’arc-bouter sur un dogme que le Christ n’aurait point lui-même déclaré comme signifiant.


Ce sujet n’est pas de ceux-là et ne supporte ni la faiblesse, ni les circonvolutions dialectiques. Il ne s’agit pas d’un sujet qui supporte la confusion ni l’approximation.


Je commencerai donc cette réflexion par l’assertion suivante : Aussi puissantes que soient les dénominations chrétiennes qui procèdent autrement que ce que je vais exposer ici. Aussi anciennes soient-elles de ce fait. Aussi justifiées que soient leurs pratiques actuelles, par l’exigence de modernité qui dicte ses rythmes et ses rites aux prescriptions religieuses qu’elles gravent dans le marbre de leurs statuts associatifs, elles ne dictent rien à Dieu !


Ainsi, ne transformeront-elles jamais leur légèreté en excuse devant un Dieu qu’elles bafouent par le mépris que signifient leurs tergiversations et l’ignorance paresseuse qui est la leur sur la signification de la Sainte Cène instituée par le Christ.


Noël qui ne représente rien en termes de commémoration instituée par le Christ, fait à l’inverse l’objet de toute leur attention. Ils préparent, méditent le sujet, prennent du temps pour la dite célébration festive encadrée de mets délicieux et de lumières futiles. Longues préparations, dérision et vanité font Noël !


Le dimanche matin de ces chrétiens modernes est formaté dans un timing découpé au scalpel dans lequel ni l’Esprit ni les commandements du Christ n’ont leur place. De toute façon c’est Dieu qui est censé s’accommoder des contraintes de la piscine du dimanche aprèm, des invités d’après culte et de la dinde qui grille déjà au four dont la cuisson est programmée pour s’achever à 12h25. Alors on convoque tour à tour, le Semeur, Louis Second, la Jérusalem et tant d’autres versions de la Bible pour justifier, par les différentes traductions du texte saint, l’injustifiable brièveté de la Sainte Cène qu’ils pratiquent. Ils lisent des textes qu’ils n’entendent pas ! Ils parlent d’un Dieu qu’ils ne connaissent pas, ils prient un Christ qu’ils n’écoutent pas.


Mais il est déjà 11h45 et tout doit être rangé pour midi dans leurs petites boîtes rondes en acier chromé et brillantes : le pain comme le vin.


On dirait qu’ils lisent : « car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, découpa préalablement du pain en petits carrés de 5 millimètres de côtés chacun, ou à défaut émietta un biscuit salé, et après avoir rendu grâces, le prit et dit : Ceci est mon corps, qui est prédécoupé en petits carrés ou émietté pour vous ; grignotez en mémoire de moi. De même, sans avoir déjà soupé, il prit les verres miniatures, et dit : Ces mini verres sont la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous aspirerez les quelques gouttes collées au fond des mini verres. Car toutes les fois que vous grignotez ces minis carrés de pain prédécoupés ou de biscuit émietté et que vous aspirerez ces quelques gouttes de jus de raisins, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne». I Cor 11.23-26.


Dans ce contexte, la suite des propos du Christ, surtout les versets 33 et 34, apparaît tellement grotesque qu’il n’y a même pas lieu de la commenter.


Voici les textes (en particulier ceux qui sont mis en caractère gras) qu’il convient d’aller lire soigneusement dans la traduction que vous voulez (cela n’a aucune espèce d’importance) pour comprendre ce que je vais expliquer :


1 Cor 11. 17-34 ; Mt 26. 26-29 ; Mc 14. 22-25 ; Lc 22. 15-20 ; Jean 4.1-38 ; Jean 6. 24-40 ; Mt 14. 3-23 ; Ex 16 ; Mt 26. 26-29 ; Mc 22.22-25 ; Actes 2. 46-47 ; Actes 14. 22-25.


Ceci dit, avec toute la sévérité possible à l’égard de ces pratiques insultantes pour la parole du Christ, je vais en venir maintenant au registre de la présentation de la véritable Sainte Cène (I) comme elle devrait être faite et sur sa signification (II) :



I- Sur la façon de prendre le repas du Seigneur



La pratique des premiers chrétiens ne laisse aucun doute sur ce que le Christ a institué (A) pas plus d’ailleurs que les indications précises contenues dans ses prescriptions reprises par Paul (B).

A- La pratique des premiers chrétiens

La Sainte Cène est un repas qui se déroule dans le temps () et dans les maisons ()

1) Un repas qui nécessite l’écoulement d’un temps long

C’est la pâque chrétienne symbolisant le passage de la mort à la vie, au cours de laquelle le chrétien doit réfléchir au fait qu’il bénéficie de la grâce du Dieu dont il porte l’Esprit. Il doit veiller à le sanctifier par une conduite digne de l’héritage reçu à l’occasion du don du Christ son frère. Lui, qui est héritier de la promesse faite par Dieu à Abraham et qui est devenue opérante par le sacrifice du Christ, il doit marcher en fils de son Dieu et Père.

La Sainte Cène est l’instant du souvenir et de l’épreuve personnelle dans la communion avec les frères. Chacun pour soi-même, sans tomber sous aucune condamnation autre que celle de sa propre conscience (1 Cor 11.28) fait le bilan de ses relations avec son Dieu et avec ses frères. Ainsi se sondant à cet instant du recueillement, s’il trouve en lui le mal qui agit, soit vis-à-vis d’un frère, soit vis-à-vis de son prochain, il s’humilie sous la puissante main de Dieu non pour fuir le repas, comme une reconnaissance du triomphe du malin, mais pour demander pardon et prendre le repas.


Pour cela il faut du temps et non l’urgence de la prise expresse de ces quantités ridicules telle qu’on la pratique ici et là. C’est pendant qu’ils mangent ensemble en partageant leurs préparations que cela se fait, c’est-à-dire à table. En aucun cas dans les opérations coup de poing de 5 mn que l’on croit imposer à Dieu au sortir des traditions héritées du catholicisme romain.


Jésus a-t-il rompu avec la tradition juive à ce sujet ? Non ! Il institua la tradition auprès des hébreux pour la conduire jusqu’à nous. Il a su se séparer, lorsque cela était selon sa volonté, de ce qui était accessoire, au mépris des conséquences et des reproches qu’on pouvait lui faire. Pour la pâque, il ne s’est séparé de rien. Au contraire il l’a confirmée (Mt 26. 26). Il fait préparer la pâque, en donnant des indications précises du lieu et du temps. Et au cours du repas il rompt le pain. De même, après avoir soupé, il prit la coupe… (1 Cor 11.25).


C’est ainsi à l’occasion d’un vrai repas que le sujet se sonde lui-même sans précipitation et à l’abri d’une maison qu’il occupe avec ses frères.


2) Un repas pris dans les maisons


Tous les textes indiquent bien que les premiers chrétiens ne prenaient pas la sainte Cène au temple de Jérusalem bien qu’ils y étaient chaque jour et tous ensemble, mais dans les maisons et autour d’un repas : « …Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur… » (Actes 2. 46).


Jésus en fait autant on l’a vu en demandant à ses disciples d’aller chez telle personne préparer le repas dans les conditions de la pâque juive. C’est donc plus que du pain et du vin que les disciples sont allés se procurer en partant à l’avance, mais tous les éléments d’un vrai repas préparé et dégusté le soir venu. (Mt 26. 20-25).


S’il est évident que le pain et le vin sont les deux éléments clefs de la pâque instituée par le Christ, les chrétiens ont tort de négliger les deux autres éléments invisibles que sont le temps et la communion fraternelle.


La Sainte Cène est un temps mis à part pour s’éprouver soi-même dans sa relation avec Dieu et avec les autres. Elle n’est pas une formalité accomplie rapidement le dimanche matin entre la quête et les annonces. Elle doit permettre de distinguer parfaitement les deux phases principales qui comportent deux significations différentes que sont la rupture du pain et le versement du vin de la coupe. Mais elle n’est pas exclusive d’autres phases qui en constituent la trame indissociable.


Parfois, dans certaines églises, les deux choses se succèdent à un tel rythme que le vin accompagne le pain s’il ne le précède d’ailleurs pas dans certaines rangées où ceux qui l’ont « bu » ne savent pas s’il reste encore à attendre quelque chose des miettes de pain éparpillées dans le plateau.


La Sainte Cène se partageait le soir au souper lorsque l’agitation du jour a disparu et que le calme est installé. Les activités professionnelles sont terminées. C’est l’heure de la méditation qu’il est urgent de découvrir ou de redécouvrir.


Avec le temps, la communion fraternelle est un autre élément clef de la Cène. C’est le symbole de la mise en commun et de la participation au corps de Christ. Nous le verrons il n’est pas mort pour un seul mais pour tous et c’est à l’adresse du Père un hymne à la sainteté et à la reconnaissance. Dans ces églises où chacun se croit posséder le don du verbe et de la connaissance, s’égarant eux-mêmes et égarant les autres par de belles prédications, il serait bon et sain de redécouvrir ces longs instants de silence et de méditation. Ces instants où l’on pense non à ce que l’on va dire d’éblouissant mais où on se tait pour écouter l’Esprit qui parle en nous du mal que nous faisons et que nous ne voulons pas faire ou du bien que nous pourrions faire mais que nous ne faisons pas. De l’amour que nous exprimons trop souvent seulement en paroles et avec la langue et non en actions et en vérité (1 Jean 3. 18).


B- Les prescriptions du Christ et de Paul


1) La préparation et la prise d’un repas

De la lecture du texte de 1 Cor 11. 20-22, certains se sont crus autorisés à limiter la Cène, en raison des abus d’autres chrétiens, au pain et au jus de raisins. Disant : puisqu’on y mange à l’excès et sans s’attendre alors supprimons le repas et puisqu’ils se sont enivrés alors remplaçons le vin par du jus de raisin et pourquoi pas par du Coca-Cola dans certaines églises. En bref supprimons les temps et allons à l’essentiel avec le partage du pain et du vin.


Cependant, l’analyse du texte de Paul montre qu’il faut suivre le chemin inverse. Il souligne les deux éléments invisibles dont je notais l’importance précédemment : le temps et la communion fraternelle qui constituent le socle sans lesquels le manger et le boire sont sans effet, voire dangereux.


A la lecture du texte on voit très bien que la critique de Paul ne porte pas sur le fait qu’il y ait un repas, mais sur la façon de le prendre. On constate que ce sur quoi il insiste est le manque de prévenance les uns pour les autres. En somme, le manque de communion fraternelle et le manque d’observation des temps.


Paul critique la précipitation dans laquelle certains prennent leur repas égoïstement sans tenir compte des plus démunis qui ont faim à la même table. Dans cette église les riches manifestement s’asseyaient ensemble mangeant et buvant sans tenir compte des pauvres qui à l’autre bout de la table non seulement n’avaient pu se procurer du vin difficile à conserver et cher mais n’avaient pas non plus de quoi manger à leur faim.


Les premiers sont ivres lorsque les autres ont encore faim.


Paul va leur dire de respecter les temps de la Sainte Cène (que nous expliquerons plus loin). Il va leur apprendre à ne pas aller vite et à rester en communion les uns avec les autres tout au long du repas (1 Cor 11. 33) en respectant les temps et la façon sans lesquels la prise du pain et du vin ne sont rien :


Premier temps : Prendre le pain entier (et non prédécoupé)

Deuxième temps : Rendre grâces

Troisième temps : rompre le pain

Quatrième temps : se partager le pain en souvenir de la mort du Christ

Cinquième temps : Souper ensemble en discernant le corps du Christ et en s’éprouvant soi-même à ce sujet (1 Cor 11.25). Le souper n’est pas aboli !

Sixième temps : Vérifier que tout le monde a fini de manger en s’attendant les uns les autres avant de passer au vin.

Septième temps : Prendre la coupe

Huitième temps : En donner la signification

Neuvième temps : La partager et s’éprouver soi-même à ce sujet

Dixième temps : Clôturer le repas du Seigneur.


Plutôt que modifier les comportements impropres pour que la prise du pain et du vin retrouve du sens, les chrétiens modernes ont supprimé ce qui en fait la force : le temps et la communion fraternelle. C’est un peu comme si pour éviter d’avoir à subir le reproche d’égoïsme envers le prochain on évitait de se retrouver en sa présence avec quelque chose que nous pourrions lui donner ou en le faisant enfermer loin de nous.


2) Le pain


C’est le symbole du corps du Christ rompu pour nous. Il est chargé de nos péchés et il les porte à notre place jusqu’à la croix.


La rupture du pain au moment de la Cène renvoie à trois déchirures :


- Celle de l’ouverture du Jourdain au moment de la sortie d’Egypte par le peuple des hébreux se libérant de l’esclavage.


- Celle du voile du temple qui séparait le lieu saint du lieu très saint où n’avait accès que le souverain sacrificateur.


- Enfin celle du corps du Christ séparé de Dieu et abandonné


Ces trois images n’en font qu’une. Elles expriment l’absolue plénitude du don de Jésus accomplissant la volonté de Dieu qui libère l’homme de l’esclavage du péché en lui donnant accès direct au Père. Le passage du Jourdain vers la terre promise est un pédagogue pour nous amener à comprendre le passage vers Dieu au travers du corps rompu du fils. Le Jourdain qui s’ouvre en montrant la voie vers la liberté est une allégorie pour nous révéler que Jésus est le chemin vers Dieu et vers la vie : «Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » dit Jésus.


3) Le vin (pas de jus de raisins ni de Coca-Cola)


Oui n’en déplaise à ceux qui font des prescriptions du Christ des prescriptions facultatives, le jus de raisins n’enivre pas ceux qui en boivent, quand au Coca-Cola… que ceux qui en font leur boisson de sainte Cène se souviennent que l’on ne se moque pas impunément de Dieu.


Le fruit de la vigne dont l’effet sur ceux qui en buvaient trop était de les rendre ivre était bien du vin et rien d’autre. Sauf à être de mauvaise foi il n’est pas utile d’en débattre davantage. Maintenant, si quelqu’un présente des symptômes de maladies liées à la prise d’alcool même en faible quantité qu’on lui donne du jus de raisin, et que les autres ne se moquent pas de Dieu…


Ainsi, la Cène n’est pas composée de deux éléments isolés mais de six éléments clefs dont il s’agit maintenant de mesurer le sens :


- Le pain à rompre

- Le Vin à partager

- Le souper partagé

- Le temps à distinguer

- La communion fraternelle

- La méditation ou l’introspection




II- La Signification de la Sainte Cène


La Sainte Cène doit se réaliser autant que possible en dehors de la présence des non-croyants, non pour les exclure mais pour les respecter et parce que cela ne signifie rien pour eux (A). Elle est au contraire pour le chrétien, un signe vivant de la prophétie annoncée, réalisée par la foi, et qui sera manifestée aux hommes le jour de l’évènement du Christ (B).


A- La Sainte Cène n’est pas un signe pour les non-croyants mais ne les exclut pas


Lorsque nous verrons plus loin la signification de la Sainte Cène pour le chrétien, il sera plus aisé de comprendre pourquoi, à contrario, elle est pour le non-croyant un acte de barbarie. Il convient seulement pour l’instant d’ajouter ici que cela ne vaut que pour une partie seulement de la Cène.


En effet, il faut se souvenir que le Christ dit : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim » (Jean 6. 35), avant d’ajouter : «…celui qui croit en moi n’aura jamais soif ».


Ainsi il y a dans cette phrase les deux phases de l’approche du Christ :


Je viens (1) et Je crois (2) !


Ce sont ces deux phases que symbolisent tour à tour le pain et le vin.


Christ a donné son corps pour tous les hommes sans exception et sans acception. Il a enduré le châtiment jusqu’au bout, sans se plaindre, jusqu’à la rupture avec son Père, jusqu’à la séparation. C’est la phase de l’accomplissement de l’amour de Dieu en Jésus pour les hommes :


C’est la phase du pain !


Face à ce don, chacun est libre d’accepter ou de refuser. De croire au Fils unique de Dieu. C’est la phase d’amour de l’homme vers Dieu. C’est une phase d’autonomie pour laquelle Dieu ne décide rien et il ne peut le faire, sauf à trahir l’essence même de sa divinité. Il appartient à chacun de se prononcer librement en conscience s’il accepte d’aimer à son tour celui qui l’a tant aimé. S’il accepte de perdre sa vie et de renaître d’une vie éternelle que permet le sacrifice de Jésus.


C’est la phase du sang !


Mais ici, dans ce développement, c’est la première partie de la phrase qui nous intéresse : «…Celui qui vient à moi n’aura jamais faim». Le message est on ne peut plus clair. Quiconque vient à moi, il aura à manger. Qu’il accepte ou pas mon sacrifice, qu’il croit ou non que je suis le Fils de Dieu, c’est pour lui aussi que je suis mort, et que mon corps a été livré sur la croix. Et cela ne dépend pas de lui mais de moi. Je suis le pain de tous. «Nul ne vient au Père que par moi »! C’est une affaire d’importance divine qui dépasse l’entendement humain et la volonté des hommes. C’est le contexte des choses célestes qui a conduit à cette issue. Il n’y a pas d’autre nourriture que lui et c’est la nourriture de tous.


Cette universalité du sacrifice de Jésus et la portée de la symbolique du pain est donnée par le texte de l’évangile de Matthieu au chapitre 14. 13-23 :


On y voit le Christ, au moment de distribuer le pain et les poissons à la foule, faire exactement les mêmes gestes que ceux de la Sainte Cène pour la partie concernant le pain. A ce repas collectif avec la foule le vin est absent mais : « …Levant les yeux vers le ciel, il rendit grâce. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples….. » (Mt 14. 19).


Beaucoup de ceux qui sont là près de vingt mille personnes ne sont là que par curiosité. Ils veulent voir et entendre celui dont tout le monde parle et qui fait des miracles. Il parle bien et semble avoir autorité sur les démons. C’est un sujet de curiosité avant d’être l’objet de leur foi. Mais pour tous ces gens et sans distinction, le corps de Jésus sera cloué sur la croix. Le pain sera distribué à tous !


B- La Sainte Cène est un signe pour les croyants et quel signe !


C’est le signe de l’efficacité réelle du sacrifice du Christ qui procure la vie éternelle par la foi. Laquelle est une ferme assurance des choses espérées, une démonstration de celles qui sont invisibles.


Or, si c’est par la foi que nous sommes sauvés, sa démonstration laisse indifférente le non-croyant qui ne peut accéder à ce qui est invisible. La Sainte Cène est ainsi le symbole prophétique par excellence de ce que nous serons à l’avènement du Fils unique de Dieu. Et la prophétie est un signe, non pour les non-croyants, mais pour les croyants (1 Cor 14. 22). Ainsi la réalisation de ce signe prophétique peut être pour les non-croyants un signe de rejet voir d’hostilité liée à l’incompréhension. Il n’y a pas lieu de les provoquer en réalisant devant eux un signe qui revient pour eux à un acte de barbarie puisque qu’insensé. C’est donc par un geste d’amour de prévention à l’égard du prochain, contre ce qui ne peut se comprendre de l’extérieur, que les premiers chrétiens prenaient le repas du Seigneur dans les maisons et non devant les non-chrétiens et au temple.


Au contraire, la Sainte Cène revêt toute son importance pour les chrétiens nés de nouveau qui doivent mesurer ce qui est advenu de leur ancienne nature. Les choses anciennes sont passées et leur vie est désormais cachée avec Christ en Dieu (Rom 6.11). La promesse n’est pas mensongère de la réalisation immédiate de l’immortalité par la purification obtenue du sang du Christ. Nul pécheur ne peut voir Dieu et vivre mais la nouvelle naissance par l’Esprit et l’eau rend la promesse d’immortalité effective non seulement en espérance mais en réalité, par la manifestation de l’espérance aux yeux de ceux qui croient. C’est ce passage de la mort à la vie que symbolise la Sainte Cène. C’est le plus grand de tous les miracles : la possibilité de voir Dieu et vivre non seulement en espérance, mais en réalité.


Pourtant, en principe, personne ne peut voir Dieu et vivre : « L’Eternel dit : tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33. 20). C’est d’ailleurs ce que Paul encore appelé Saul, avant sa nouvelle naissance, va apprendre à ses dépens (Actes 9. 1-9). Malgré tout, c’est au plus important de tous les miracles du Christ, le moins visible, mais le plus puissant auquel nous assistons à sa résurrection ! Et c’est aussi le dernier miracle qu’il réalise avant son retour vers son Père : Des hommes ont vu Dieu sans mourir ! Car le miracle du pardon des péchés, qui permet la vie éternelle non seulement pour le futur mais pour le présent, est bien plus important que celui de la guérison, ainsi que le Christ tente de le faire comprendre aux scribes : (Mc 2. 1-12).


En effet, lorsque le Christ ressuscite, ce n’est plus le Fils de Joseph qui sort du tombeau. Car, le corps qui ressuscite est un corps glorieux. On ensevelit un corps mortel, il ressuscite immortel, disparaît un corps animal pour laisser la place à un corps céleste. Et ce corps est celui de Dieu en puissance et par adoption et par délégation. Il ne peut d’ailleurs être vu des hommes s’il ne s’agit de chrétiens, c’est-à-dire de personnes ayant hérité du pouvoir sur la mort par le sang du Christ. Il est ainsi symptomatique de constater que tous les hommes que le Christ rencontre après sa résurrection sont chrétiens. Il ne peut en être autrement.


C’est le miracle de la vie éternelle, la traversée triomphante de la mort, comme l’impossible passage du Jourdain au dernier moment, avant que ne s’abatte le glaive de Pharaon.


«Ô mort où est ta victoire ? Ô mort où est ton aiguillon» ? Dira Paul !


C’est ce que Jésus résume par cette phrase d’apparence simple : «…celui qui croit en moi n’aura jamais soif ». (Jean 6. 35).


On peut comprendre, à moins que l’on se moque de Dieu, que cela mérite mieux que 5 minutes entre la quête et les annonces !


***


Ainsi, si la Sainte Cène est une commémoration collective, qui doit se dérouler en s’étalant dans le temps à l’occasion d’un repas solidaire et en évitant de choquer les non-croyants, la décision de la prendre ou de ne pas la prendre appartient à chacun personnellement « que chacun s’éprouve soi-même ». Il n’appartient à personne de s’ériger en censeur de son prochain pour une célébration qui marque justement la gratuité du pardon. Il n’y a aucun péché qui puisse se transmettre par le partage du pain et du vin. «L’âme qui pèche c’est celle qui mourra». La Sainte Cène ne peut en aucun cas être un moment pour le jugement de l’autre, de son frère ou du prochain. Cela ne doit pas et ne peut pas être au moment de la célébration, un moment d’exclusion. Sa préparation nécessite de la prévenance pour le prochain, son organisation du temps, et sa célébration de la méditation. Le tout dans le refus de l’exclusion, dans la liberté individuelle, et dans l’amour en tout état de cause !


Voilà ce qu’est prendre le repas du Seigneur !


Question : Si là où je suis ils ne procèdent pas ainsi que dois-je faire puisque c’est 99% des cas ?


Réponse : Je ne me sens tenu par rien ! La première fois que j’arrive dans une nouvelle église, je partage avec eux la Cène en signe de communion, puis souvent je m’abstiens de célébrer ce qui ne représente rien ! Je le regrette mais le truc de la miette de pain et des trois gouttes de jus de raisins ça ne passe pas. L’excuse de la modernité de la vie qui ne laisse pas le temps de respecter l’ordonnancement du Christ ça ne passe pas non plus !


Question : Malgré tout est-ce un péché de la prendre ainsi ?


Réponse : Tout ce qui n’est pas le fruit d’une conviction est un péché ! Je peux décider de partager cet instant de grignotage avec les frères mais je sais que ce n’est pas le repas du Seigneur. Dans ce cas je ne pèche point. Mais si je le prends parce qu’on me regarde alors que je ne veux pas intérieurement : je commets un péché


Question : Si je partage le repas du Seigneur et que je sais qu’un frère a commis un péché dois-je le laisser prendre la Sainte Cène ?


Réponse : Qui m’a fait juge de mon frère ? Je n’ai pas à éprouver mon prochain ou mon frère, mais seulement moi-même, et c’est bien si je ressors indemne de cette introspection. (Rom 8. 1)



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05 novembre 2010

Sous couvert, le feu !


Lorsqu’il s’indigne dans son réquisitoire du 4 novembre 2010, du fait que dans le dossier en question «La police française, ça ressemble un peu à la Gestapo…», n’est-ce pas de la part de Jean-Dominique Le Milon vice-procureur de la République à Bobigny, saluer le bon grain en brûlant l'ivraie ?

Et plutôt que de s'indigner hypocritement à leur tour de tels propos, ceux qui veulent une police française honorable ne devraient-ils pas s’inquiéter des réactions de défense instantanées et corporatistes des syndicats SGP-FO et Synergie, comme de celle de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie qui a confié une enquête à l’Inspection Générale des Services Judiciaires en vue de sanctions à l'encontre de ce magistrat ?

Force est de constater, qu'à tort ou à raison, ces derniers temps, aussi bien sur le plan national qu'international, des voix petites et grandes nous murmurent qu'à l'horizon de notre histoire monte une noire fumée.

La parole du parquet, privée de liberté, va-t-elle devenir, comme à l'époque dont il s'agit, aussi serve que ses écrits ?

Pour se prémunir d'un tel retour, de petites voix doivent murmurer là et ailleurs ce que je murmure ici : Bravo monsieur le vice-procureur de ma République !

Voir sur ce sujet : http://www.liberation.fr/societe/01012300643-un-magistrat-compare-police-et-gestapo-mam-ouvre-une-enquete