Genève : Echec aux rois à l'OMC sur le cycle de Doha
L’actuelle négociation des accords mondiaux sur le commerce s’achève sur un échec après que les Etats-Unis, la Chine et l'Inde, ont échoué à accepter un compromis sur les règles d'importations agricoles. Les EU et l’UE voulaient plus d’accès sur le marché des services des pays en voie de développement et les pays en voie de développement demandaient plus d’accès pour leur agriculture en Europe et aux Etats-Unis. Il est vrai que certains pays notamment le Brésil auraient préféré conclure sur un accord imparfait et faire un "saut dans l’inconnu" plutôt que de renvoyer peut-être "à plusieurs générations" la conclusion d’un accord satisfaisant pour tout le monde. Les pays développés pariant traditionnellement sur un tel sentiment de lassitude pour escroquer davantage les pays en développement au seul bénéfice des multinationales qui jadis était essentiellement occidentales.
La discussion de Doha lancée depuis 2001 achoppe d’ailleurs sur des divisions profondes entre pays riches et pays pauvres.
S’il est évident que les problèmes de ces derniers jours, se rapportant à l’explosion des prix du carburant et des produits alimentaires, ont contribué à l’exacerbation des tensions en raisons des protestations qui montent tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, la principale question en litige concernait la détermination d’une clause de sauvegarde spéciale des pays en voie de développement. Menés par la Chine et l'Inde ils exigeaient de permettre de tenir compte d’une montée soudaine des importations ou des prix.
L’échec sur la question de la détermination du seuil permettant aux pays en voie de développement d’augmenter en urgence leurs tarifs douaniers et leurs impôts sur les produits agricoles ne doit être regardé que comme un prétexte. Ainsi que l’accusation des Etats-Unis lancée aux deux pays émergents ci-dessus, de justifier leur besoin de contrôler les tarifs douaniers et les prix au motif de leur besoin de développement. Ces accusations doivent être regardées comme ridicules voire infantiles. Dans l’autre camp, l’analyse n’est pas meilleure : Le Ministre indien du commerce Kamal Nath a accusé les EU de chercher à faire du business alors que l’Inde ne chercherait qu’à assurer la survie de ses fermiers. Le Ministre du commerce chinois quant à lui, a accusé les EU de rechercher des avantages aussi élevés que le ciel. Ce n'est plus du commerce, c'est de la petite poésie !
Dans ces échanges la guerre des mots ne sert qu’à masquer la réalité de la situation.
Les EU reprochant à la Chine et l’Inde de ne pas vouloir ouvrir trop leurs marchés à la concurrence et de vouloir d’excessives protections pour leurs agriculteurs.
Mais à y regarder de plus près, c’est surtout la question de l’inversion fondamentale des profiteurs de la mondialisation qui doit être posée. Le système qui était censé servir les intérêts des pays riches se retourne désormais contre eux. Et ils sont les premiers à ne pas mettre de la bonne volonté à la réussite des négociations. La colère monte aussi dans les peuples du nord qui subissent l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat et les pressions sur la protection sociale en raison des déficits publics. Le déficit américain atteint d'ailleurs désormais près d’un demi trillion de dollars ! C'est dire comme la marge de manoeuvre est mince.
La pluie qui tombe en ce moment sur certaines parties de l’Inde ne compense pas encore la faible pluviosité de cette saison de mousson. Les prix augmentent rapidement et des émeutes éclatent pour protester contre la montée des prix due en partie aux cultures d’exportation et au coût du pétrole. D’autres pays parmi les pays d’exportation agricole doivent faire face à la même situation.
Pour certains, cet échec marque peut-être la fin des négociations multilatérales. Beaucoup de pays préférant désormais réaliser des accords bilatéraux préservant leurs intérêts. Pour moi, c'est bon signe. Avec l'amenuisement du rôle et de la puissance du FMI, aujourd'hui réduit à un squelette, donnant des chiffres et présidé par D.Strauss Khan (dont on se demande ce qu'il est allé faire dans cette galère qui coule...), voilà peut-être venue la fin d'un autre monstre, tout entier au service du libéralisme le plus abject. Qui s'en plaindrait ?
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