31 mars 2008

Par-dessus bord




On connaît l’inflation par la demande que les Etats de l’OCDE ont décidé dès les années 70 de réprimer en faisant peser sur les salaires une forte pression à la baisse. En désindexant les salaires sur le niveau de vie en 1983, Jacques Delors ministre socialiste (de droite en pratique) de François Mitterrand, portait un coup fatale au pouvoir d’achat des ménages et au partage équitable des fruits de la croissance.

On connaît aussi l’inflation par l’offre, qui avec la stagnation des salaires conduit elle aussi à la baisse du pouvoir d’achat. Profitant à court terme aux investisseurs mais réduisant rapidement la profitabilité des investissements par insuffisance de la demande.

Voici venue l’inflation par les excès et les montages financiers immoraux, pour laquelle curieusement tous les dogmes libéraux sont mis entre parenthèses pour sauver ceux-là mêmes qui en sont les principaux acteurs.

Après avoir fait payer aux salariés le prix fort d’une politique anti-inflationniste rigoureuse, on s’apprête à leur faire racheter les pertes dues à l’inflation démesurée engendrée par l’accroissement exorbitant des profits financiers spéculatifs.

Après avoir invoqué l’impuissance de l’Etat en raison de la faiblesse de ses moyens (« les caisses sont vides » : Sarkozy « L’Etat ne peut pas tout » : Jospin), voilà qu'il se redresse subitement retrouvant toute la plénitude de sa vocation, lorsqu’il s’agit de s’en prendre aux plus faibles pour compenser les pertes des escrocs en prélevant encore sur les pauvres.

Tout à coup ce qui a servi de justification à l’inertie de l’Etat se trouve balayé : politique anti-inflationniste ; équilibre budgétaire ; concurrence libre et non faussée; indépendance de la Banque Centrale Européenne.

Le quotidien allemand des affaires comme bon nombre des nouveaux penseurs européens et américains, préconise de « jeter les principes par-dessus bord » en utilisant les fonds publics pour renflouer les caisses des banques en faillite.

Qui décidera, pour aider les millions de pauvres qui ne mangent pas à leur faim, de jeter les principes libéraux par-dessus bord, en faisant payer plus les riches, en laissant filer l’inflation et en redressant l’Etat ?

2 Comments:

At 8:41 AM, Anonymous Anonyme said...

Merci d'avoir un blog interessant

 
At 10:38 AM, Blogger Joël YOYOTTE-LANDRY said...

Merci de ce compliment, mais il est toujours plaisant de savoir avec qui on parle...

 

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