19 janvier 2009

La corbeille de fruits !



Il me dit : Que vois-tu Joël ?
Je répondis : Je vois que la dette publique mondiale en 2009 dépassera largement les 3000 milliards de dollars annoncés. Le triple de ce qu’elle était en 2008. Que les trois années qui viennent seront trois années de violences extrêmes sur les pauvres.
Je vois que les sommes versées aux banques pour éviter leur faillite l’ont été sans contrepartie de l’évitement du désastre qu’elles ont causé aux pauvres qui avaient tout investi dans l’acquisition de leur habitation et que partout dans le monde on meurt de faim en silence et on est expulsé des habitations et des territoires avec brutalité.
Je vois que les plans de relance annoncés sont financés par des emprunts d’Etat sous forme d’émission d’obligations dont les intérêts seront payés en réduisant le taux de l’épargne publique.
Autrement dit qu’après avoir pris massivement dans la poche des pauvres de quoi renflouer les banques et les compagnies d’assurance en remerciements du casse du millénaire qu’elles ont perpétrée, les Etats empruntent de l’argent aux riches et aux banquiers en faisant supporter l’intérêt aux pauvres. Ceux qui jouent les maisons et le pain à la bourse ne se sont jamais aussi bien portés. Loin de les punir, il semble que tu aies renforcé leurs bras !
Il ne me répondit pas.

Mais il dit aussi : Que vois-tu Amos ?
Amos dit je vois une corbeille de fruits. Il répondit : la fin est venue pour mon peuple. Je ne lui pardonnerai plus !

Puis il me dit : Vous voyez une seule et même chose !

Poésie

La corbeille de fruits : Action de grâce
Rabindranath Tagore

Ceux qui marchent dans le sentier de l’orgueil et qui foulent la vie humble sous leurs bottes ; qui laissent sur l’herbe fragile la marque de leurs pieds teintés de sang ;

Qu’ils se réjouissent et te louent, Seigneur, car ce jour est à eux.

Mais moi je te remercie de ce que mon lot est avec les déshérités qui souffrent et portent le fardeau de la puissance, et cachent leur visage, en étouffant leurs sanglots dans l’obscurité.
Car chaque pulsation de leur peine a palpité dans la secrète profondeur de la nuit, et chaque insulte a été recueillie dans ton grand silence.

Et le lendemain leur appartient.

O Soleil, lève-toi sur les cœurs qui saignent ; qu’ils fleurissent en fleurs du matin, et que les torches des orgies orgueilleuses soient réduites en cendres.